9.5.15

Ce qu'on ne vous dit pas...partie 2 : Sur l'Accouchement

Mon point de vue est relativement négatif, je vous fait part de mon vécu, en aucun cas un accouchement ne peut ressembler à un autre à 100%, je suis d'ailleurs assez confiante quant au fait qu'un jour je vivrai un accouchement plus positif que mon premier, ne prenez donc pas mon expérience pour quelque chose qui vous arrivera sûrement également.

Vous entendrez parler, lors des cours de préparation à l'accouchement ; des contractions, du travail, du faux travail, de la perte des eaux, de ce que vous devez faire face à tout ces symptômes...On vous dira d'essayer de faire passer les contractions (pour identifier le vrai du faux travail) en prenant un bain (c'est sensé les faire cesser) ou en prenant deux Spasfons (oui ça va par deux, et ça a le même rôle que le bain), si ça ne fait rien c'est sensé vouloir dire que le travail a commencé, et dès lors vous avez le temps tant que les contractions sont espacées de 5minutes, une fois qu'elles arrivent toutes les 4-5minutes sur une heure de temps, il faut aller à votre maternité. Le faux travail lui donne des contractions aléatoires (18-7-5-6-9-3 minutes entre chaque...). On vous dira qu'après la perte des eaux vous avez une heure et demi pour vous rendre à la maternité, si les eaux sont claires, si elles sont vertes ou orangées-rouges vous avez une demi-heure car c'est signe que quelque chose cloche.

Voilà grosso-modo ce qu'on vous apprendra lors de ces cours, ainsi que la façon de pousser et de respirer, ce qui aide bien le jour J. Ça prépare aussi le papa à voir votre tête au moment de pousser, histoire qu'il ne se fende pas la poire au moment crucial. (le chéri acquiesce)

Ce qu'on ne vous dit pas et c'est dommage, c'est comment réagir si ça ne se passe pas bien, et de là découle cet article parce que je n'étais pas du tout préparée à ce qui allait arriver, et mon compagnon non plus, on est tombés de très haut et ça fait très mal (désolée pour le pavé qui suit)

Déjà, je vous explique mon plan d'accouchement (un truc qu'on vous demande d'écrire avec vos souhaits etc pour le jour J à donner aux sages-femmes) : Je voudrais un accouchement le moins médicalisé possible (foutu), je voudrais accoucher dans une position tel qu'à quatre pattes ou à genoux (foutu), j'aimerais sortir le bébé moi-même (foutu), mon compagnon aimerait couper le cordon (foutu), j'aimerais avoir un long peau à peau avec mise au sein (foutu), j'aimerais accoucher sans péridurale mais avec des méthodes douces (foutu).
J'étais confiante, sûre de réussir à accoucher naturellement, envieuse d'accompagner mon bébé sans drogues dans l'acte de sa naissance...j'étais ZEN, ma sage-femme des cours d'accouchement avait confiance en mon calme et mon objectif était fixé...

Vous voyez un peu le topo....

Pour vous situer, je devais accoucher le 09/02 et je débute mon petit récit le 02/02.
Lundi 2 février : je me réveille à 07h30 parce que j'ai mal au ventre, des contractions, comme on peut en avoir en fin de grossesse...pas régulières du tou (je notais l'heure sur un calpin) je me dis que ça va passer, petit-déjeuner de championne, puis zapping sur le canapé, vers 9h30 je décide d'aller prendre un bain pour "faire passer les contractions" ça aide un peu, je retourne sur mon canapé vers 11h et j'arrive à y dormir. L'après-midi passe sans contractions, elles reprennent le soir, je prend des Spasfons vers 21h. 23h30 toujours aucun effet sur mes contractions, qui deviennent petit à petit très régulières, et bientôt espacée de 4-5 minutes. Je décide de réveiller chéri, et on va à la maternité.

Mardi 3 février : Arrivé à la maternité à 1h, on me fait un toucher vaginal (Mmmm), mon col est encore haut et pas du tout ouvert, puis un monitoring (surveillance du cœur de bébé), qui s'avère ne pas être au top, mon gynécologue qui était de garde décide que je reste à la maternité jusqu'à l'accouchement, on ne sait quand...on me propose de me poser un tampon pour faire dilater le col (bandelette toute fine imbibée d'une solution hormonologique qu'ils placent au fond du vagin contre le col de l'utérus) j'accepte et on me mène à ma chambre en maternité, me demandant de descendre 3h après pour un monitoring.
Trois heures après, pendant lesquelles nous avons dormi à peu près avec chéri, on descend et là verdict : col toujours pas bougé et monitoring toujours pareil, on remonte.
Trois heures après on redescend et rebelotte, toute la journée....
Mes parents viennent me voir...
Le soir on retourne au monitoring (ce que je n'ai pas dit c'est que des derniers durent entre 1h et 3h...papa assi-couché sur un fauteuil et maman couchée avec des truc froid sur le bidon et elle doit se retourner toutes les 20minutes....), ce dernier dure assez longtemps et on somnole chéri et moi quand la sage-femme (des nanas superbes, rien que pour ça je retournerai dans cette clinique) rentre avec un gros chariot pleins d'instruments stériles et nous réveille "Mme **** il va falloir que nous vous fassions une césarienne en urgence, on a appelé votre gynécologue il ne devrait plus tarder, on va vous préparer!"
Le choc ! moi qui espérait tellement accoucher par voie basse!
On me prépare : il faut savoir qu'une sonde urinaire est mise en place lors d'une césarienne, et que quand celle-ci est prévue, elle est placée après la péridurale, qui fait que vous ne sentez plus rien, dans le cas d'une césa en urgence, ils font ce qu'ils peuvent faire en premier, et dans mon cas, la sonde urinaire a été posé sans anesthésie, j'ai morflé, vraiment. Mais je ne leur en veux pas, c'était pour "sauver mon bébé".  Mon gynécologue arrive, il me voit en larmes, il vient s'asseoir près de moi, me dit qu'il va m'examiner, mais qu'à la minute où on m'a parlé de césarienne, bébé s'est calmé, serait-il contre la césarienne? Il m'examine et en conclut que la césarienne n'est pas d'une urgence vitale "on laisse venir ce bébé quand il veut, en surveillant" Il faut savoir qu'un autre gynécologue aurait pratiqué cette césarienne, mais le mien étant +/- contre les césariennes "de confort"....je l'en remercie grandement. On me renvoit dans ma chambre, j'ai une cystite due à la sonde. Génial ! Chéri a appelé sa maman qui est venue nous voir, elle m'encourage...

Mercredi 4 février : les monitorings reprennent, bébé s'est calmé, je suis au courant que je risque une césarienne, j'arrive à accepter plus ou moins bien la chose, je pleure encore, mais c'est ma fierté qui s'effondre. Le soir même on me refait un monitoring,(autant vous dire qu'on est des habitués avec chéri, on connait limite toutes les SF, et on arrive avec livres et musiques...le soir ma SF me dit que le monitoring de bébé est très bien je peux aller dormir tranquille (et j'en aurais bien eu besoin depuis dimanche soir que je n'avais plus fait de nuit....) Sauf qu'à 23h je ressens de fortes contractions, je descend pour m'assurer que bébé supporte les contractions, on m'examine tout va bien, on me donne des spasfons. Ça ne passe pas...vers 3h du matin, je ressens le besoin de MARCHER, pour info quand vous ressentez ce besoin, que tout votre corps vous dit "lève toi et marche" c'est que la ponte est imminente. Je marche dans ma chambre et laisse chéri dormir jusqu'à 4h, puis je le réveille pour aller dans le couloir (je ne voulais pas risquer d'aller crapahuter seule au risque d'accoucher au tournent d'un couloir!) voyant mes contractions très très forte (je devais m'arrêter et me tenir quelque part penchée en avant toutes les 4minutes) il décide qu'on va aller faire un examen. Elle me fait un monitoring, me demande si je veux bien qu'elle examine mon col, elle sent que ça peut enfin avoir bougé, j'accepte...verdict "vous êtes à un doigt" AMEN ! Mon col est descendu, il s'ouvre...c'est parti, c'est le jour J nous sommes le 5 février !


Jeudi 5 février : le jour le plus long de ma vie
4h, mon col est ouvert on est sur la bonne voie, ma SF me propose de prendre un bain, elle me prépare l'eau dans une grannnde baignoire, chéri cherche un cd de musique zen que j'avais prévu dans ma valise. On me met un tampon pour aider le col à s'ouvrir et je plonge dans le bain, je peux me cramponner, je peux m'immerger jusqu'au cou lors des contractions, elles passent facilement, rien qu'une crampe dès que je suis dans l'eau...j'arrive même à somnoler, on me laisse mariner 2h...j'ai adoré...à 6h on me dit qu'il est temps de gagner MA salle d'accouchement, j'ai nommé "la salle Perle" on me met la belle chemise cul-nu et on me propose de me coucher pour m'installer ma perfusion, le lit est super rembourré, très confortable. Je gère les contractions comme je veux, enfin, dans la mesure du possible, je peux me lever et marcher un peu mais ma perfusion, qui est accroché directement au lit me limite sur la distance, j'ai un petit mètre de liberté. Chéri est au petit soin, il me rapporte un fauteuil sur le quel m'appuyer, mon livre, ma musique, mes cracottes...(on m'a déconseillé de trop en manger). Tout se passe bien, je change de SF et en voilà une jeune tatouée qui arrive, oh joie, on discute tatouage etc...à midi elle demande à examiner mon col (3-4 doigts), j'ai une grosse contraction au même moment, ça m'arrache une larme, Elle m'avait déjà prévenue que vu que je risquais une césarienne, je devrais avoir la péridurale, mais qu'on me laissait choisir quand elle serait posée, et au vu de la dernière contraction, elle m'a conseillé d'appeler l'anesthésiste pour la poser...comme ça elle pourrait ensuite déchirer la poche des eaux, chose qu'il ne font que sous anesthésie (trop douloureux sans). J'ai donc accepté la péridurale, et en un quart d'heure c'était bouclé. Ensuite, je me suis retrouvée sans jambes, vu que je ne pouvais plus les bouger...enfin, une sur les deux.
Je ne sentais plus les contractions et en ai donc profité pour dormir un peu (j'en avais besoin!) puis on a joué aux cartes avec chéri, puis j'ai lu...la SF est venue me perforer la poche des eaux, le liquide était teinté (vert épinard) ce qui voulait dire que le bébé avait eut un stress, mais je ne devais pas m'inquiéter, bébé était bien surveillé...et vers 19h j'ai commencé à sentir une sorte de lourdeur dans le bassin...un point qui appuyait fort... ça s'est transformé en douleur, en vrai douleur, ça me bloquait la respiration....on appelle la SF "la péridurale ne fait plus effet, vous sentez les contractions" HAHAHA !!!!! Non mais je vais juste mourir c'est quoi ce cauchemard ???? On m'explique que j'ai du mal à les supporter parce que je ne suis pas passé par les différentes fréquences de douleur et que j'ai de suite droit à celle de fin de parcours...on mesure mon col : 9 doigts...mon gynéco arrive, appelle d'urgence l'anesthésiste, ils arrivent par paire, regardent mes perfusions, discutent énergiquement, on m'injecte morphine et autres calmants, rien n'y fait, je commence à avoir des haut-le-coeur, on donne un haricot en carton au chéri, (le pauvre, lui qui déteste le vomi) et je gerbe allègrement dedans, hyper liquide, tout vert (vive les épinards de la veille!) Je n'en peux plus. Je demande au chéri de dire à mon gynéco que cette fois-ci je veux la césarienne, je ne pourrais pas pousser. Chéri m'encourage à le faire tout de même "tu seras tellement fière!" et le gynéco et ma SF me font la remarque "vous êtes déjà arrivée tellement loin!" le gynéco décide de brusquer les choses : "je vais vous demander de pousser, si vous avez assez de forces, je vous aide avec les ventouses!" On me met les pieds dans les étriers, je pousse sur son ordre, j'ai de la force, on va sortir bébé, là à 9 doigts. J'attends les ordres, une équipe s'est formé, les deux anesthésistes, le gynéco, le pédiatre de garde, la sage-femme et une aide-soignante, jamais je n'avais eu autant de monde en face de mon minou et franchement je n'en avais plus rien à faire, ils auraient pu inviter tout le corps médical, la fanfare et les visiteurs que j'en aurais rien eu à cirer. Le gynéco m'explique tout ce qu'il fait, il me fait pousser, la SF m'appuie sur le ventre pour m'aider, je ne la sens même pas faire, j'ai un rôle à jouer, je suis dedans à 100% chéri me tient la main, il m'encourage, je pousse, 1-2-3 fois sur une contraction, je sers les dents, le sang me monte à la tête "stop" j'arrête et respire il pose la ventouse "on pousse!" je repousse 1-2-3fois "stop" il enlève la ventouse. Chéri jète un coup d'œil "je vois sa tête !" et là tout s'arrête pour moi je n'ai plus qu'une envie : pousser, voir mon enfant. J'attends, je demande à chéri s'il a des cheveux -"oui plein!" On me dit de pousser, la tête sort en entière, "stop" on le tourne pour les épaules et là la gynéco me dit "allez une dernière fois le plus fort possible on y va!" et là je ne suis plus que force et je pousse comme jamais. Je le vois dans les mains du gynécologue, on coupe son cordon rapidement pour me le poser, je vais enfin voir ma fille...il est 20h20..."regardez ce que nous avons là" dit-il en me le posant sur le ventre. Oh seigneurs ma fille a un zizi ! je pleure et je ris, le papa également, on rit d'avoir un garçon, nous qui étions sûrs d'avoir une petite fille! Il ouvre ses yeux et me regarde droit dans les miens, j'ai su qu'aucun des prénoms masculins choisis n'irait, il a déjà le sien et il vient de me le faire comprendre, papa est d'accord. On part avec mon bébé pour le soigner.
Le gygy me fait pousser pour sortir le placenta (on appelle ça la délivrance) il vérifie qu'il soit entier, et l'envoie en analyse, puis il entame mes points de suture, j'ai eu une déchirure assez conséquente, mais ça va...je ne sens pas grand chose, je me sens juste "béante"...On me recoud, on m'explique que je vais rester là deux heures, pour éviter d'éventuels soucis, j'ai une tension à 17....mes mains tremblent comme si j'avais parkinson, ça s'étend à mes bras, le chéri me dit d'arrêter de trembler, il est drôle lui ! "on appelle nos parents?!" heuuuu on va attendre que je puisse tenir un téléphone hein! En attendant, je ressens encore un besoin de pousser, mais vraiment, ça démange j'ai envie de pousser "ça va passer, éviter d'aller à la scelle avant demain !" Hahaha ! C'est horrible comme sensation...
Notre fils a besoin de rester en couveuse pour la nuit, il a avalé du liquide et a un petit manque de sucre, je le récupèrerai le lendemain matin...bon, ça me fait une dernière nuit de sommeil!
Mes mains se calment, je peux appeler mes parents, on ne leur parle pas de la couveuse, on ne veut pas les inquiéter...on vient enfin m'enlever ma perfusion, j'inonde le drap de sang, on m'enlève la péridurale, puis on me fait me lever du lit et on me ramène dans ma chambre en chaise roulante, j'ai les jambes en coton, une SF viendra deux fois dans la nuit prendre ma tension qui est encore très élevée. On se dit qu'enfin le bonheur est à notre portée, le cauchemars est fini, demain nous aurons notre bébé, enfin...J'ai accouché, j'ai un garçon, je m'endors à peine arrivée dans ma chambre...

Conclusions : moi qui était zen et sereine face à l'accouchement, et heureusement ! parce que si j'avais été stressée je crois que ça ne se serait pas passé aussi bien malgré mes quelques difficultés, j'ai été déçue de ne pas avoir l'accouchement dont je rêvais, mais je suis aussi très fière de moi pour avoir mis au monde mon petit garçon par voie basse, c'est une vraie fierté de se dire que je l'ai fais !
Mon compagnon et moi tenons à remercier chaleureusement le personnel médical du Service Maternité de la Clinique Ste Anne de Strasbourg, qui a été aux petits soins, attentionnée et toujours présentes pour nous durant ces quelques jours passé au sein de leur établissement, j'y retournerai pour un prochain accouchement, en espérant y rester moins longtemps avant et avoir enfin un accouchement un peu plus "détendu".

Prochain article : Ce qu'on ne vous dit pas...partie 3 : Votre bébé peut ne pas être en bonne santé...


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